La consommation de cannabis en augmentation chez les 25 ans et plus

Il fallait s’y attendre. La légalisation du cannabis, la prolifération des points de chute de la SQDC, la pandémie et les mesures d’isolement sanitaires ont provoqué une hausse de la consommation du cannabis, et ce, dans presque toutes les catégories d’âge.

Un texte de Boris Chassagne, Initiative de journalisme local, Montemiscouata.com

Voilà ce que révèle l’Enquête québécoise sur le cannabis (EQC) commandée par l’Institut de la statistique du Québec. La seule exception : les 15 à 17 ans chez qui la consommation a chuté de trois points de pourcentage en trois ans pour atteindre les 19 %. Et ceci, en dépit du fait que « la proportion de consommateurs de cannabis âgés de 15 ans et plus a augmenté entre 2018 et 2021 au Québec, passant de 14 % à près de 20 % », note l’EQC. Cette augmentation est observée chez tous les groupes d’âge de 25 ans et plus précise l’étude. Près de 15 % des Québécois en consomment sur une base quotidienne, 26 % entre 1 et 6 jours par semaine. Mais la grande majorité (59 %) en consomme quelques fois par mois.

Tout le monde semble être plus friand de cannabis depuis trois ans, même les 55 ans et plus

Entre 2018 et 2021, la consommation observée chez les 18-24 ans a augmenté de 4 % et 40 % des gens de ce groupe d’âge en consomment. Une augmentation qui atteint les 10 % chez les 25-34 ans et 36 % d’entre eux en consomment. Le groupe des 35-64 ans semble en être moins friand. Seuls 20 % d’entre eux en consomment, mais leur goût pour le cannabis s’est apprécié de 8 % en trois ans. Finalement, les 55 ans et plus sont peu nombreux (8 %) à consommer du cannabis.

Source : Enquête québécoise sur le cannabis commandée par l’Institut de la statistique du Québec

La pandémie semble avoir eu une incidence sur les niveaux de consommation, note l’Enquête québécoise sur le cannabis. C’est du moins ce que déclarent une part des Québécois ayant consommé du cannabis au cours de la dernière année. Un fait que nous confirme Gaston LeBlanc, responsable et thérapeute en relation d’aide au centre de traitement des dépendances l’Arrimage de Rimouski. « Je suis persuadé que la pandémie, les mesures sanitaires ont fait des ravages au niveau mental et émotionnel et ont fait augmenter les chiffres de dépendance et de consommation de tous les produits, alcool y compris ».

On fait à l’Arrimage, dit-il, les mêmes observations et diagnostics qu’au Centre régional A.D.H. Le Tremplin (Matane)—Maison de transition pour hommes, qu’à la La Montée—Centre de prévention et de traitement des dépendances au Bas-Saint-Laurent de Rivière-Ouelle. L’Arrimage qui soutient surtout une clientèle d’hommes et de femmes âgés de 24 à 56 ans. « Le cannabis est banalisé comme il ne l’a jamais été. Les gens ne se demandent plus si c’est dangereux ou pas. Du pot, ce n’est pas grave ». Mais à ses yeux, toute consommation dont le corps a besoin pour avoir un équilibre affectif et émotionnel peut devenir un problème.

« On n’est pas censés avoir besoin du pot pour vivre », de nous dire Gaston Leblanc. « Il est surprenant de voir qui entre à la SQDC. C’est des travailleurs, les professionnels. Les monsieur-madame de tous âges. La Société va acheter du pot. Le visage des consommateurs n’a peut-être pas changé, sauf que là on le voit. Ce qui est dérangeant pour moi au niveau thérapeutique c’est les périodes d’isolement où les gens ont commencé à s’isoler pour consommer. Tout seul dans mon appartement je me gèle » remarque M. LeBlanc.

Gaston Leblanc estime que le cannabis ne peut plus être considéré comme le point d’entrée vers des drogues plus dures. Les drogues fortes sont facilement accessibles, « c’est comme boire de l’eau ». Il faut être sur ses gardes quand on consomme, explique Gaston Leblanc.

Gaston LeBlanc

Notons que cette enquête, confiée à l’Institut de la statistique du Québec par le ministère de la Santé et des Services sociaux, suit depuis trois ans l’évolution de la consommation de cannabis. La première enquête a été réalisée en 2018, juste avant la légalisation du cannabis. Les résultats détaillés de la troisième édition seront disponibles en avril 2022.