Jeep Wrangler 392, la bête extrême

Il arrive parfois, dans le métier que j’exerce, que certains véhicules nous impressionnent plus que d’autres. Ce qui ne veut pas dire qu’ils soient utiles ou même rationnels. Seulement qu’ils ont des caractéristiques tellement différentes qu’on ne peut faire autrement que d’être abasourdi.

Collaboration spéciale, Marc Bouchard, Journaliste automobile

Voilà exactement ce que l’on ressent quand on tombe face à face avec le Jeep Wrangler Rubicon 392. Attention, on parle ici d’un vrai Wrangler, avec tout ce que cela implique de capacité hors route, de joie de conduite et de salutations multiples aux milliers de conducteurs de Jeep croisés sur la route.

Il faut cependant y ajouter une autre personnalité : celle d’un muscle car, dans la plus pure tradition américaine. Car ce Jeep mise, pour se déplacer, sur un moteur V8 6,4 litres retrouvé sous le capot du Challenger Scat Pack. En gros, 470 chevaux et 470 livres-pied de couple transmis aux quatre roues et affichant une rugissante sonorité.

Ici, je vous l’assure, mes voisins pourront en témoigner. Il suffit de peser sur l’accélérateur avec un peu d’insistance pour déclencher une véritable sonorité de brute. Mon entrée de cour étant faite toute en longueur, et plutôt étroite, le Jeep se faisait entendre avec brio, malgré toutes mes précautions. Vous aurez compris que je me faisais un devoir de ne pas le démarrer trop tôt le matin!

Une bête

La réalité, c’est que le Jeep Rubicon 392 est un peu l’extrême inutile. Qui, en effet, a besoin de se rendre aussi rapidement au chalet, ou de traverser les bois presque sans toucher par terre. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Un véhicule capable d’accélérer à une vitesse folle, sans faire de compromis sur ses capacités de tout-terrain.

Comme tous les Rubicon, ils disposent de suspensions spectaculaires, d’un rouage 4 roues motrices performant et permanent, et de la capacité de verrouiller ou déverrouiller les différentiels sur simple pression d’un bouton. En gros, il n’a donc aucune limite, comme tous les Rubicon.

Le bémol, c’est qu’il faut aussi le conduire sur la route. Et là, la chose est, sinon un peu hasardeuse, à tout le moins désagréable. Car le couple transmis aux roues les fait valser de gauche à droite en permanence, et à la moindre accélération.

On m’a bien prévenu, quand je suis parti avec le véhicule, de bien tenir le volant à deux mains pour m’assurer un peu de sécurité. Je ne croyais cependant pas que la chose serait aussi impressionnante.

Il faut dire aussi que les pneus, des monstres surdimensionnés d’une largeur impressionnante (315 mm) n’offrent qu’une adhérence symbolique sur la chaussée, laissant place à certaines sueurs froides lorsque les virages deviennent plus exigeants.

Et alors?

Avec un tel pedigree, et la consommation d’essence qui va de pair, vous l’aurez compris, on peut se demander pourquoi un tel engin? La raison rationnelle, c’est que l’on voulait faire faire un dernier tour de piste à un moteur qui s’éteindra au cours des prochains mois.

La raison émotive, c’est que la conduite de ce Jeep, malgré tous ses compromis et ses exigences, m’a installé en permanence un sourire aux lèvres. Oui il est bruyant, a une tenue de route déficiente et bien d’autres choses. Mais à l’image de tous les « muscle car » du monde, il offre un indéniable plaisir quand on est derrière le volant. Seul le prix, un somptueux 115 000$ pour mon modèle d’essai, a de quoi me faire grimacer!