Couvre-feu: une mesure disciplinaire qui marque l’imaginaire

La mise en place d’un couvre-feu nocturne frappe l’imaginaire de la population québécoise non seulement par la rareté d’une telle mesure dans la province au fil de l’histoire récente, mais aussi sur le plan des libertés civiles.

Concrètement, il faut remonter à la grippe espagnole de 1918 ou à la Seconde guerre mondiale pour revoir une directive aussi stricte dans les rues du Québec.

Pour le professeur en sciences historiques à l’Université Laval, Martin Pâquet, il n’est pas rare de se référer à un élément du passé pour trouver des pistes de solutions à un problème qui peut être similaire aujourd’hui.

Dans le cas de la pandémie de COVID-19, M. Pâquet spécifie que le contexte actuel est bien différent de celui de 1918, en raison des avancées scientifiques et des conditions de vie de l’époque.

« Il faut aussi ajouter que le couvre-feu est une mesure militaire visant à faire respecter la discipline et obtenir une période de repos », soutient M. Pâquet.

L’historien ajoute cependant que la mise en place de cette mesure disciplinaire militaire auprès des civils vise principalement à inciter les individus à respecter les mesures mises en place pour protéger la population comme le prévoit la Charte canadienne des droits et libertés.

Entre l’arbre et l’écorce

Selon l’Institut national de Santé publique du Québec (INSPQ), 75% des Québécois adhèrent aux mesures mises en place par le gouvernement pour limiter la propagation de la COVID-19. Les récalcitrants représenteraient donc approximativement 25% de la population.

Ainsi M. Pâquet estime que les gouvernements ont pour mission de protéger la santé et la sécurité des citoyens, dans la mesure où ils sont écoutés.

Improvisation contrôlée

L’historien Martin Pâquet soutient que dans la grande majorité des cas, les dirigeants travaillent pour le bien commun. En ce qui concerne la pandémie de COVID-19, comme les premières informations sur cette maladie sont arrivées il y a environ un an, il est difficile d’agir avec exactitude.

L’improvisation des politiciens devient donc « normale » dans la mesure où ils n’ont pas l’ensemble des données pour prendre des décisions justes, car ces données ne sont pas connues de manière approfondie.

Si l’histoire nous montre que l’application d’un couvre-feu a pu fonctionner dans certaines juridictions du monde comme la France ou bien en Jordanie, il sera intéressant de voir quelle sera l’efficacité, ici, au Québec.